Courbé par le travail ou par la destinée,
L'homme à sa voix s'élève et son front s'éclaircit;
Toujours impatient dans sa course bornée,
Un sourire le dompte et son coeur s'adoucit.
Il était paresseux, à ce que dit l’histoire,
Il laissait trop sécher l’encre dans l’écritoire.
Il voulait tout savoir mais il n’a rien connu.
Et quand vint le moment où, las de cette vie,
Un soir d’hiver, enfin l’âme lui fut ravie,
Il s’en alla disant: «Pourquoi suis-je venu?»
Une femme est l'amour, la gloire et l'espérance;
Aux enfants qu'elle guide, à l'homme consolé,
Elle élève le coeur et calme la souffrance,
Comme un esprit des cieux sur la terre exilé.
Il a vécu tantôt gai comme un sansonnet,
Tour à tour amoureux insoucieux et tendre,
Tantôt sombre et rêveur comme un triste Clitandre,
Un jour il entendit qu’à sa porte on sonnait.
Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,
Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie:
Ma seule Etoile est morte, –
Et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.
Déjà les beaux jours, la poussière,
Un ciel d’azur et de lumière,
Les murs enflammés, les longs soirs;
Et rien de vert: à peine encore
Un reflet rougeâtre décore
Les grands arbres aux rameaux noirs!
Ce beau temps me pèse et m’ennuie,
Ce n’est qu’après des jours de pluie
Que doit surgir, en un tableau,
Le printemps verdissant et rose;
Comme une nymphe fraîche éclose,
Qui, souriante, sort de l’eau.